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Cependant Tch’en Ché était né dans une famille où la fenêtre était faite du goulot d’une cruche cassée, où une corde servait de gonds à la porte ; il faisait partie de gens de basse condition nouvellement arrivés dans le pays, et c’était un compagnon de déportés ; ses capacités n’atteignaient pas la moyenne ; il n’avait point la sagesse de Tchong-ni ou de Ti, ni la richesse de T’ao Tchou ou de I Toen ; il marquait ses pas dans les rangs du vulgaire ; il s’élança du milieu des escouades de dix et de cent hommes. Se mettant à la tête de soldats en déroute et débandés, n’ayant sous ses ordres que quelques centaines d’hommes, il n’en attaqua pas moins Ts’in. Des bâtons coupés lui tenaient lieu d’armes ; des perches dressées lui servaient d’étendards ; tout l’empire se rassembla autour de lui comme des nuages et lui répondit comme l’écho ; ils chargèrent leurs vivres sur leurs épaules et le suivirent comme son ombre. Aussitôt les hommes vaillants à l’est des montagnes se soulevèrent tous ensemble et détruisirent la famille de Ts’in. Or, avoir soutenu le poids de l’empire n’était pas une preuve de faiblesse ; le territoire de la province de Yong, les fortes positions de Hiao et de Hien[1] étaient restés les mêmes. Tch’en Ché n’était pas plus élevé en dignité que les princes de Ts’i, de Tch’ou, de Yen, de Tchao, de Han, de Wei, de Song, de Wei et de Tchong-chan ; les manches de houe et les lances faites avec des arbustes épineux n’étaient pas aussi pointus que les hallebardes recourbées et que les longues lances ; les bandes de déportés aux frontières n’étaient pas comparables aux soldats des neuf royaumes ; pour les desseins

  1. Cf. note 05.222. et note 504.