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furent conservés. Au contraire, les Ts’in, au moment où ils étaient florissants, multiplièrent les lois, rendirent sévères les châtiments, et l’empire fut saisi de crainte ; puis, quand ils tombèrent en décadence, les cent familles conçurent de haineux espoirs, et l’intérieur des mers se révolta contre eux. Ainsi, sous les Tcheou, les cinq relations sociales[1] suivirent leur développement normal, et pendant plus de mille années (cette dynastie) ne s’interrompit pas. Les Ts’in, depuis le commencement jusqu’à la fin furent dans l’erreur ; aussi ne durèrent-ils pas longtemps. Par là on peut voir que les deux principes qui produisent la sécurité ou le danger sont fort opposés l’un à l’autre.

Suivant un dicton populaire, celui qui n’oublie pas les choses passées est le maître des choses à venir. C’est pourquoi, lorsqu’un homme supérieur est à la tête de l’État, il observe ce que fut la haute antiquité, il constate ce qu’est le temps présent, il fait entrer en ligne de compte les hommes et les affaires ; il examine les raisons du succès et de la ruine ; il étudie ce qui cause l’autorité et la puissance ; dans ce qu’il repousse et dans ce qu’il admet, il se conforme à l’ordre des choses ; s’il change et transforme, c’est au temps voulu ; ainsi il prolonge ses jours pendant fort longtemps, et ses dieux de la terre et des moissons jouissent du repos][2].

  1. Au lieu de [], le texte de Kia I donne la leçon [] « la suite des rois ». Cette leçon est préférable. Cependant, celle que nous trouvons dans les Mémoires historiques offre aussi un sens admissible.
  2. Ce paragraphe, qui est en réalité la conclusion des Considérations montrant les fautes de Ts’in prouve que Kia I était, comme tout bon lettré, un réactionnaire à tous crins : il ne pardonne pas à Ts’in Che-hoang-ti d’avoir détruit l’ancienne organisation politique.