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gens sages et habiles étaient tous dans les rangs (des seigneurs) ; d’excellents généraux faisaient marcher leurs soldats ; de sages conseillers menaient à bien leurs desseins. Cependant ils furent à bout de ressources devant les parages défendus et difficiles d’accès et ils ne purent avancer. Ts’in alors les attira chez lui pour les combattre et leur ouvrit les passes ; un million d’hommes s’élancèrent vers le nord et aussitôt furent détruits. Dira-t-on que c’est parce que la bravoure et la sagesse leur firent défaut ? (Non, mais) c’est que les conditions où ils se trouvaient n’étaient pas avantageuses et que leur situation n’était pas favorable.

Ts’in, malgré la petitesse de son territoire, s’empara de grandes cités ; il défendit les lieux difficiles d’accès et les barrières et il campa derrière de hauts remparts ; sans combattre, il ferma les passes et s’appuya sur les points stratégiques ; il y monta la garde, la pique sur l’épaule[1]. Les seigneurs étaient issus de gens ordinaires[2] ; c’est par intérêt qu’ils s’unissaient ; ils ne tenaient pas la conduite d’un roi non couronné. Les relations qu’ils avaient entre eux n’étaient point celles d’une étroite amitié ; leurs subordonnés ne leur étaient pas soumis. Ils prétendaient qu’ils voulaient détruire Ts’in ; en réalité, ils ne cherchaient que leur intérêt. Quand ils virent que les obstacles élevés par Ts’in étaient difficiles à attaquer, ils retirèrent aussitôt leurs soldats,

  1. C’est-à-dire, sans livrer de batailles.
  2. L’expression [] désigne un homme du commun peuple, de même que [] désigne une femme d’humble condition. Kia I ne veut pas dire que les seigneurs fussent des plébéiens, mais donne à entendre qu’ils avaient des sentiments et des désirs vulgaires.