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y furent envoyés furent au nombre de plus de sept cent mille ; on creusa le sol jusqu’à l’eau[1] ; on y coula du bronze[2] et on y amena le sarcophage ; des palais[3], (des bâtiments pour) toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets rares y furent transportés et enfouis et remplirent (la sépulture). Des artisans reçurent l’ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques ; si quelqu’un avait voulu faire un trou et s’introduire (dans la tombe), elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure[4] les cent cours d’eau, le Kiang, le Ho, et la vaste mer[5] ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient les unes aux autres. En haut étaient tous les signes du ciel ; en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec

  1. M. Imbault-Huart traduit : « dessécher trois sources » (Poésies modernes traduites du chinois, p. 42) ; — M. J. J. M. De Groot : « …exc avated the ground underneath three wells of groundwater » (The religious system of China, vol. II, p. 400), ou encore : « they dug up three wells of groundwater » (ibid., note 1). Je crois que le sens est moins littéral et que la phrase signifie simplement qu’on creusa le sol jusqu’à ce qu’on rencontrât l’eau. Voici en effet ce que dit Yen Che-kou : « L’expression « trois sources » désigne les sources qui ont à une triple profondeur, cela signifie qu’on alla jusqu’à l’eau. (Errata d’Éd. Chav. : L’explication que j’ai donnée de l’expression est exacte ; cette expression ne signifie pas « trois sources », mais implique simplement l’idée d’une grande profondeur ; aussi peut-elle prendre le sens de « profondément », comme on le voit dans le texte suivant du Heou Han chou (chap. CIV, première partie, p. 6 r°) : [….] (Votre Majesté) n’oblige pas ses ignorants sujets à concevoir un déplaisir profond ». Le commentaire à cette phrase dit : « Trois est le nombre le plus petit qui exprime un ensemble achevé ; cette expression signifie profond. »).
  2. Afin de boucher tout passage à l’humidité.
  3. Cf. note 366.
  4. M. De Groot (dans son bel ouvrage : The religious system of China, vol. II, p. 400, n. 2) met en doute que les Chinois connussent le mercure à l’époque de Tsin Che-hoang-ti et il traduit : de l’eau limpide comme de l’argent, Mais il faudrait, pour que ce sens fut admissible, que l’on eût dans le texte [] et non pas []. Pour ma part, je ne vois aucune impossibilité à ce qu’il s’agisse de mercure.
  5. C’est-à-dire, comme on le lit deux lignes plus bas, qu’on fit comme une carte hydrographique de l’empire.