Il porte l’ordre dans la foule des êtres ;
il examine et met à l’épreuve la réalité des faits ;
chaque chose a le nom qui lui convient.
Le noble et le vil, il les pénètre également ;
le bien et le mal sont exposés devant lui ;
il n’y a aucune disposition qui lui soit cachée.
Si on dissimule une faute en se proclamant juste,
(comme par exemple) si une femme a des enfants et se remarie[1],
elle désobéit au mort et n’est pas chaste.
Il a établi des barrières entre l’intérieur et l’extérieur ;
il a interdit et supprimé la débauche ;
les hommes et les femmes obéissent à la règle et sont intègres.
Si un homme va dans une maison qui n’est pas la sienne pour s’y conduire comme un pourceau[2],
celui qui le tue n’est pas coupable ;
les hommes observent les statuts de la justice.
(4e strophe)
Si une femme s’enfuit (de la maison conjugale) pour épouser (un autre homme)[3],
les enfants n’ont plus de
- ↑ Le second mariage d’une femme qui a des enfants est condamné comme une immoralité,
- ↑ Condamnation de l’adultère en termes énergique. — Le Je tche lou, chap. XIII, p. 1 r°, rapproche de cette phrase une chanson populaire fort grossière qui nous a été conservée par le Tso tchouan (14e année du duc Ting) : Le prince de Wei, mari de la trop fameuse Nan-tse, avait fait venir à sa cour Tchao, du pays de Sang, qui était le frère de Nan-tse. Cette femme débauchée n’avait désiré la venue de son frère qu’afin d’avoir des rapports illicites avec lui. Aussi les gens de Song chantaient-ils : « Maintenant que vous avez apaisé le rut de votre truie, il faut nous rendre notre vieux pourceau mâle ».
- ↑ Après l’adultère de l’homme, l’inscription parle de l’adultère de la femme. — L’auteur du Je tche lou, chap. XIII, s’est demandé pourquoi Tsin Che-hoang-ti parlait avec tant d’insistanee des devoirs du mariage dans l’inscription du Koei-ki ; c’est, répond-il, parce que les mœurs de ce pays étaient fort dissolues ; ce relâchement datait de l’époque où Keou-tsien (Ve siècle avant notre ère), roi de Yue, avait fait tous ses efforts pour activer la repopulation de ses États : il avait interdit aux jeunes gens d’épouser des femmes âgées et aux vieillards de prendre pour femmes des jeunes filles ; les parents qui ne mariaient pas leur fille avant dix-sept ans ou leur fils avant vingt ans étaient passibles d’une peine, on donnait une récompense à la mère pour chaque enfant qu’elle mettait au monde (cf. de Harlez, Koue yu, p. 254) ; les veuves, les débauchées et les condamnées devaient habiter sur une montagne où les hommes pouvaient aller les trouver toutes les fois qu’ils en avaient envie (Ou Yue tch’oen ts’ieou).