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n’ont pas trouvé la drogue. C’est uniquement de leurs bas intérêts qu’ils s’entretenaient et qu’ils m’informaient chaque jour. Quant à maître Lou et à ses collègues, je les ai comblés d’honneurs et de présents ; or ils me calomnient afin d’incriminer mes fautes. Les lettrés[1] qui sont à Hien-yang, j’enverrai des gens les interroger ; il en est qui répandent de faux bruits afin de semer le trouble parmi les Têtes-noires.

Il chargea donc les enquêteurs impériaux de soumettre à un interrogatoire minutieux les lettrés ; les lettrés se rejetèrent la faute les uns sur les autres ; alors (Ts’in Che-hoang-ti) désigna lui-même ceux qui avaient violé ses défenses au nombre de quatre cent soixante environ[2] ; il les fit tous

  1. Tout en traduisant l’expression [] par « les lettrés » je ferai remarquer qu’il ne s’agit pas seulement ici des disciples de Confucius, mais aussi et plus particulièrement des adeptes des sciences magiques.
  2. Ce passage a fort embarrassé les sinologues : § M. Legge, le premier a attiré l’attention sur la difficulté qu’il y avait à comprendre les deux mots [ab] (Chinese Classics, vol. 1, Prolegomena, p. 9, note). § M. p. G. von Möllendorf a fait une tentative fort malheureuse pour traduire tout le passage (China Review, vol, XVII, p. 298). Son essai a du moins eu le bon résultat d’engager deux autres sinologues, dont l’un est M. Herb. A. Giles et dont l’autre est M. F. H. Parker, à étudier ce texte (China Review, vol. XVII, pp. 353-355). § M. Giles traduit : « The scholars, spreading the news among themselves, themselves weeded out some 460 of their number who had violated the prohibition. These were buried alive at Hsien-yang. » § M. E. H. Parker traduit : « The body of literates made each of them individual enquiry one from the other and ended by expelling from their body over 460 individuals guilty of this misdemeanour. All of whom were butchered at Hien-yang. » [css : suit une explication d’E. Chavannes, à l’aide du texte chinois, des raisons de sa traduction ; puis :] Le sens devient alors complètement clair : aucun des lettrés ne voulant se dénoncer, tous se rejetant la faute les uns sur les autres, Tsin Che-Hoang-ti fait sortir lui-même de leurs rangs ceux qu’il considère comme coupables et les fait tous périr à Hien-yang.