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complotèrent entre eux, disant :

Che-hoang est un homme qui a reçu du Ciel un naturel violent, cruel et despotique ; il a supprimé les seigneurs et réuni tout l’empire ; ses desseins ont réussi, ses désirs ont été suivis ; il estime que depuis l’antiquité personne ne l’a jamais égalé. Il ne donne d’autorité qu’aux officiers de justice ; ce sont les officiers de justice qui parviennent à l’approcher et obtiennent sa faveur. Les lettrés au vaste savoir, quoiqu’au nombre de soixante-dix, se contentent de leur titre et ne sont pas employés. Les conseillers d’État et les principaux ministres reçoivent tous les affaires quand elles sont terminées ; ils font dépendre leur administration de l’empereur. L’empereur se plaît à établir son prestige par les supplices et les exécutions. Les gens, par crainte d’être punis et par désir de conserver leurs appointements, n’osent pas être fidèles jusqu’au bout[1] ; l’empereur ne s’entend pas reprocher ses fautes et devient de jour en jour plus arrogant ; ses sujets lui obéissent servilement et le trompent afin de garder leurs aises. D’après les lois de Ts’in, on ne saurait exercer plus d’un art à la fois[2] et, si l’on fait erreur, c’est aussitôt la mort ; or ceux qui observent les étoiles et les émanations sont au nombre de trois cents, qui sont tous d’excellents savants ; mais, craignant de dire des choses défendues, ils flattent (l’empereur) et n’osent pas lui

  1. Cette expression revient fréquemment dans l’histoire chinoise ; elle désigne les sujets assez loyaux pour faire entendre à leur souverain la voix de la vérité, fût-ce au péril de leur vie.
  2. Il est difficile de bien comprendre ce que signifient les mots. Il me semble qu’ils expriment un grief propre aux savants ou magiciens de ce temps qui se plaignent de ne pouvoir cumuler l’exercice de plusieurs de leurs arts.