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qu’elles les brûlent. Ceux qui oseront discuter entre eux sur le Che (king) et le Chou (king) seront (mis à mort et leurs cadavres) exposés sur la place publique[1] ; ceux qui se serviront de l’antiquité pour dénigrer les temps modernes seront mis à mort avec leur parenté. Les fonctionnaires qui verront ou apprendront (que des personnes contreviennent à cet ordre), et qui ne les dénonceront pas, seront impliqués dans leur crime. Trente jours après que l’édit aura été rendu, ceux qui n’auront pas brûlé (leurs livres) seront marqués et envoyés aux travaux forcés[2]. Les livres qui ne seront pas proscrits seront ceux de médecine et de pharmacie, de divination par la tortue et l’achillée, d’agriculture et d’arboriculture[3]. Quant à ceux qui désireront étudier les lois et les

  1. Cf. Introduction, p. CXI, n. 1.
  2. Jou Choen dit : « D’après le code, voici ce que décide la sentence les cheveux rasés, un collier de fer au cou, on les transportera à la frontière pour construire le grand mur ; le jour ils feront la garde contre les brigands ; la nuit ils construiront le grand mur. La peine tch’eng tan dure quatre ans. D’après ce commentaire, l’expression tch’eng tan ferait allusion d’une part à la construction du mur (tch’eng) et d’autre part à la garde montée dès le point du jour (tan). — Dans le hing fa tche du Livre des Han antérieurs, cette peine est appelée tch’eng tan chong ; le mot chong signifie dépouiller le grain de son enveloppe en le pilant ; la peine chong correspondait pour les femmes à la peine tch’eng tan pour les hommes. De ce second texte il résulte que la peine tch’eng tan continua à subsister dans le code même après Ts’in Che-hoang-ti ; elle ne désignait donc pas exclusivement la construction de la Grande Muraille et c’est pourquoi j’ai préféré la rendre par l’expression plus générale de « travaux forcés ».
  3. Alexandre le Grand fit une exception analogue quand il ordonna de brûler les textes sacrés de la religion mazdéenne. « Alexandre, dit un Rivâyat,. fit traduire en grec les Nasks (livres) qui traitaient d’astronomie et de médecine et fit brûler les autres. Après lui, les grands prêtres se réunirent, écrivirent chacun les parties de l’Avesta qu’ils se rappelaient, et ainsi fut restauré ce que l’on possède de l’Avesta » (J. Darmesteter, Zend-Avesta, tome III, p. VIII).