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Che-hoang soumit ce cas à la délibération. Le conseiller Li Se dit :

— Les cinq empereurs ne se sont pas répétés les uns les autres ; les trois dynasties ne se sont pas imitées mutuellement ; ils ont été personnels dans leur gouvernement ; ce n’est pas qu’ils prissent le contre-pied les uns des autres ; mais c’est que les temps avaient changé. Maintenant Votre Majesté a accompli pour la première fois une grande œuvre ; elle a fondé une gloire qui durera pendant dix mille générations ; c’est assurément ce que des lettrés stupides sont incapables de comprendre. En outre, ce dont (Choen-yu) Yue a parlé, ce sont des affaires des trois dynasties ; comment pourrait-on les prendre pour règle ? Autrefois[1] les seigneurs étaient tous en lutte ; ils estimaient les sophistes voyageurs[2] et les appelaient auprès d’eux. Maintenant l’empire a été pacifié ; les lois et les ordonnances émanent d’un seul ; le peuple et les chefs de famille s’appliquent aux travaux de l’agriculture et de l’industrie ; les classes supérieures s’instruisent des lois et des ordonnances, des interdictions et des défenses. Cependant les maîtres-lettrés ne prennent pas modèle sur le présent, mais étudient l’antiquité afin de dénigrer l’époque actuelle ; ils jettent le doute et le trouble parmi les têtes noires. Le conseiller, votre sujet (Li) Se, se dissimulant qu’il s’expose à la mort, dit : Dans l’antiquité, l’empire était morcelé et troublé ; il ne se trouvait personne qui pût l’unifier ; c’est pourquoi les seigneurs régnaient[3] simultanément.

  1. Cf. note 333.
  2. Cf. Introduction, p. CLII, n. 1.
  3. Sur cet emploi de [] signifiant « fleurir, régner », cf. les Annales principales des trois souverains : « Après la mort de Niu-koa, Chen-nong exerga le pouvoir » (tome I, p. 12).