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n’est rien qui ne vous soit soumis ; vous avez transformé les États féodaux en provinces et en préfectures. Tous les hommes sont naturellement paisibles et heureux ; ils ne subissent plus le fléau des guerres et des luttes. On se transmettra (ces avantages) pendant dix mille générations. Depuis la haute antiquité, jamais le prestige et la vertu de Votre Majesté n’ont été égalés[1].

Che-hoang fut satisfait. Le lettré au vaste savoir, Choen-yu Yue, qui était originaire de Ts’i, prit la parole en ces termes :

— Votre sujet a entendu dire que les règnes des Yn et des Tcheou avaient duré plus de mille années ; (ces souverains) avaient donné des fiefs à leurs fils, à leurs frères cadets et à leurs sujets de distinction pour s’en faire des branches et des appuis ; maintenant Votre Majesté possède tout l’intérieur des mers tandis que ses fils et ses frères cadets sont de simples particuliers ; s’il y avait tout à coup des sujets qui fissent comme T’ien Tch’ang[2] ou les six hauts dignitaires[3], vous n’auriez aucun aide qui pût vous porter secours. Que dans une affaire on ne prenne pas modèle sur l’antiquité et que cependant on puisse durer, c’est ce que je n’ai jamais entendu dire qui soit arrivé. Maintenant (Tcheou) Ts’ing-tch’en vous en a outre flatté ouvertement, de manière à aggraver les fautes de Votre Majesté ; ce n’est pas la conduite d’un sujet fidèle.

  1. On voit reparaître dans le discours de Choen-yu Yue cette fameuse question du rétablissement de la féodalité (cf. note 223) qui fut la véritable cause de la proscription des livres, comme on va le voir par la suite de ce récit.
  2. Sur T’ien Tch’ang qui, en 481 avant J.-C., mit à mort le duc de Ts’i, cf. Mém. hist. , chap. XLVI.
  3. Cf. note 05.270. . Ce furent trois de ces puissantes familles, celles de Han, Tchao et Wei, qui en 403 avant J.-C., démembrèrent l’État de Tsin.