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il s’y purifia et y fit des prières et des sacrifices. Il désira retirer le trépied des Tcheou de la rivière Se ; il envoya mille hommes plonger dans l’eau pour le chercher, mais il ne le trouva point[1].

Puis il se dirigea vers le sud-ouest, pour traverser la rivière Hoai, arriver à la montagne Heng[2] et à la commanderie de Nan. il navigua sur le Kiang et parvint jusqu’au temple de la montagne Siang[3] ; il rencontra un grand vent et faillit ne pas pouvoir traverser ; l’empereur demanda aux lettrés au vaste savoir :

— Quel dieu est le prince de Siang ?

Les lettrés au vaste savoir lui répondirent :

— Nous avons entendu dire que c’étaient les filles de Yao, femmes de Choen[4], qui

  1. Cf. note 05.493. . L’anecdote de Ts’in Che-hoang-ti faisant opérer des sondages dans la rivière Se pour retrouver les neuf trépieds (ou, suivant une autre tradition, un des neuf trépieds) des Tcheou, est une des scènes qu’a représentées le ciseau des sculpteurs du Chan-tong au ne siècle de notre ère. Cf. La sculpture sur pierre en Chine au temps des deux dynasties Han, planches XXIII et XL (la faute d’impression de la page 58 de cet ouvrage : l’an 94 av. J.-C., au lieu de l’an 219 — est si manifeste que le lecteur la corrigera de lui-même).
  2. Dans la sous-préfecture de Heng-chan, préfecture de Heng-tcheou, province de Hou-nan. Cette phrase expose ce que Ts’in Che-hoang-ti avait l’intention de faire : il voulait traverser la rivière Hoai, aller au sud jusqu’au Heng-chan, puis se diriger au nord-ouest et rentrer à sa capitale en traversant la commanderie de Nan.
  3. Ts’in Che-hoang-ti avait dû passer du Yang-tse-kiang dans le lac Tong-t’ing, et, de là, remonter le cours de la rivière Siang. La montagne Siang est à 57 li au nord de la sous-préfecture de Siang-yn, préfecture de Tch’ang-cha, province de Hou-nan.
  4. Cf. tome I, note 01.208. . Le lie niu tchoan identifie aussi le prince de Siang avec les filles de Yao. Mais le poème (dont l’auteur devait être mieux au courant des traditions méridionales de l’empire puisque ce poème appartient aux élégies de Tch’ou) distingue le prince de Siang des femmes de Siang ; le prince de Siang serait alors Choen et les femmes de Siang seraient ses épouses. — Quoi qu’il en soit, c’est un fait curieux que, dès l’époque de Ts’in Che-hoang-ti, la légende de Yao et de Choen se soit déjà transportée et localisée dans le sud du Hou-nan.