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il monta sur la montagne I[1], de (la préfecture de) Tseou ; il y dressa une pierre[2]. Avec les maîtres lettrés (du pays) de Lou, il tint une délibération pour graver sur la pierre les mérites de Ts’in ; il délibéra sur ce qui concernait les cérémonies fong et chan et les sacrifices faits de loin aux montagnes et aux cours d’eau ; puis il monta donc sur le T’ai-chan ; il y dressa une pierre ; il fit la cérémonie fong[3] ; il offrit les sacrifices. Quand il descendit, un orage de vent et de pluie survint ; il s’abrita sous un arbre et c’est pourquoi il conféra à cet arbre le titre de ou-ta-fou[4] ; il fit le sacrifice chan sur le mont Leang-fou. Il fit une inscription sur la pierre qu’il avait dressée ; le texte en était ainsi conçu :


(1e strophe)[5]

« Le souverain empereur exerçant avec vigilancé son autorité,

a fait et déterminé des lois claires ;

ses

  1. La montagne I est au sud-est de la sous-préfecture de Tseou, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.
  2. On trouvera dans l’Appendice III de ce volume la traduction de l’inscription qui fut gravée sur cette stèle.
  3. Il est à remarquer que, dans l’inscription qu’on va lire quelques lignes plus bas, il n’est pas dit un mot des sacrifices fong et chan. Il n’est point certain que ces cérémonies aient été réellement connues au temps de Ts’in Che-hoang-ti.
  4. Quand on monte au T’ai-chan, le chemin en escalier qu’on gravit pour faire l’ascension passe sous un arc de triomphe sur lequel on lit l’inscription [] ; c’est là que s’élevait le pin auquel Ts’in Che-hoang-ti conféra le titre de ou-ta-fou pour le récompenser de lui avoir fourni un abri contre l’orage.
  5. L’inscription du T’ai-chan se compose de deux strophes ; les six vers de chaque strophe sont construits sur la même rime ; chaque vers compte douze mots et par suite douze syllabes ; ces douze syllabes sont réparties entre trois phrases de quatre mots ; ce sont les phrases de quatre mots qui, aux yeux des critiques chinois, constituent l’élément rythmique ; mais, pour un Européen, il est évident que l’élément rythmique est le vers de douze syllabes qui, par sa coupe régulière de quatre en quatre syllabes, rappelle certains alexandrins tels que celui-ci : Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille. (V. HUGO.) Dans la très intéressante restauration de l’inscription de la montagne Tai proposée par le Kin che souo (cf. Appendice III), chaque vers occupe exactement une colonne verticale de l’inscription en sorte que toutes les rimes sont rangées sur une même ligne horizontale au bas de la stèle.