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Le conseiller (Wang) Koan et d’autres dirent :

— Les seigneurs viennent d’être détruits : les territoires de Yen, de Ts’i et de King[1] sont éloignés ; si on ne s’occupe pas d’y placer des rois, il n’y aura aucun moyen de les maintenir dans l’ordre[2] ; nous proposons qu’on y nomme les fils de la famille impériale. Que seulement Votre Majesté impériale veuille bien y consentir.

Che-hoang livra cette délibération à ses ministres ; ceux-ci estimèrent tous que c’était (une mesure) avantageuse. (Mais) le t’ing-wei Li Se dit au milieu de la délibération :

— C’est en grand nombre que les rois Wen et Ou de la dynastie Tcheou donnèrent des fiefs à leurs fils, à leurs frères cadets et à ceux de leur famille ; mais avec le temps ces proches parents se divisèrent et s’éloignèrent ; ils s’attaquèrent les uns les autres comme des ennemis ; les seigneurs s’entretuèrent de plus belle et se firent la guerre, sans que les Fils du Ciel de la dynastie Tcheou pussent les empêcher. Maintenant tout ce qui est à l’intérieur des mers, grâce à l’inspiration

  1. C’est-à-dire Tch’ou ; cf. note 190.
  2. T’ien, « combler, compléter », est ici l’équivalent de tchen, « affermir, régler ». — Toute cette délibération au sujet de l’opportunité qu’il y aurait ou qu’il n’y aurait pas à rétablir la féodalité est du plus haut intérêt. Nous sommes loin des discours plus ou moins artificiels de l’époque des Tcheou ; nous trouvons ici une véritable éloquence d’affaires exacte et vigoureuse ; ce ne sont plus des dissertations de rhéteur ou de moraliste, mais bien l’écho fidèle des paroles qui ont dû être prononcées à la cour de Ts’in Che-hoang-ti.