ACTE II.
SCÈNE PREMIÈRE.
CLOTEN. — Jamais homme eut-il une chance pareille ! au moment où ma boule allait baiser le but i, la voilà qui est envoyée au diable par une boule adverse ! J’avais cent livres engagées sur cette partie : et voilà un sagouin de fils de garce..qui vient me faire des remontrances parce que je jure ; comme si je lui empruntais les jurons que je profère, et si je n’étais pas libre de dépenser à mon gré la provision que j’en ai.
PREMIER SEIGNEUR. — Qu’a-t-il gagné à cela ? Vous lui avez cassé la caboche avec votre boule.
SECOND SEIGNEUR, à part. — Si son esprit avait ressemblé à celui qui lui a cassé la tête, il n’en aurait plus un brin à cette heure.
CLOTEN. — Lorsqu’un gentilhomme a envie de jurer, n’est-il pas impertinent aux assistants, quels qu’ils soient, de couper la queue à ses jurons ? Eh ?
SECOND SEIGNEUR. — Oui, Monseigneur ; (a part) ainsi que de leur couper les oreilles.
CLOTEN. — Ce chien, fils de putain ! moi lui donner satisfaction ? Que je voudrais qu’il eût été un homme de mon rang !
SECOND SEIGNEUR, à part. — Pour puer le sot comme vous.