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GUIDERIUS. — Un prince très-impoli : les insultes qu’il me fit n’étaient rien moins que princières ; car il me provoqua dans un langage qui m’aurait poussé à donner du pied à la mer, si elle avait rugi contre moi de cette façon-là. Je lui coupai la tête, et je suis très-heureux que ce ne soit pas lui qui soit là pour raconter de moi ce que je raconte de lui.

CYMBELINE. — J’en suis désolé pour toi. Tu te condamnes par ta propre bouche, et tu dois subir notre loi : tu es mort !

IMOGÈNE. — J’avais pris cet homme sans tête pour mon époux.

CYMBELINE. — Liez le coupable, et conduisez-le hors de notre présence.

BELARIUS. — Arrête, Sire roi ; cet homme est supérieur à l’homme qu’il tua, il descend d’aussi haut lieu que toi-même, et il a mieux mérité de toi que toute une bande de Clotens même criblés de blessures. — (Aux gardes.) Laissez ses bras tranquilles, ils ne furent pas créés pour l’esclavage.

CYMBELINE. — Qu’est-ce à due, vieux soldat ? est-ce que par hasard tu veux te frustrer de la récompense qui t’est encore due en tâtant de notre colère ? Comment descend-il d’aussi haut lieu que nous ?

ARVIRAGUS. — Il est allé trop loin en cela.

CYMBELINE. — Et tu mourras pour ces paroles.

BELARIUS. — Nous mourrons tous trois ; mais je prouverai que deux d’entre nous sont aussi hauts que j’ai dit que celui-ci l’était. — Mes fils, il me faut tenir un discours dangereux pour moi, bien qu’il puisse être avantageux pour vous.

ARVIRAGUS. — Votre danger est le nôtre.

GUIDERIUS. — Et notre bien est le sien.

BELARIUS. — Eh bien, attention, s’il vous plaît ! Grand roi, tu avais un sujet qui s’appelait Belarius.

CYMBELINE. — Pourquoi par les-tu de lui ? c’est un traître banni.

BELARIUS. — C’est lui-même qui a revêtu ces vieux