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OTHELLO. — Oh, pardonnez-moi ; cela me fera du bien de me promener.

Lopovico. — Bonne nuit, Madame ; je remercie très-humblement Votre Seigneurie.

DESDÉMONA. — Votre Honneur est le très-bienvenu.

OTHELLO. — Voulez-vous venir vous promener, Signor ? — Ah ! — Desdémona....

DESDÉMONA. — Mon Seigneur ?

OTHELLO. — Allez vous mettre au lit sur-le-champ ; je serai de retour sans délais : congédiez votre suivante ; ayez soin-que cela soit fait

DESDÉMONA. — Oui, mon Seigneur. (Sortent Othello, Lodovico et les gens de leur suite.)

ÉMILIA. — Comment les choses se passent-elles maintenant ? il a l’air plus aimable que précédemment.

DESDÉMONA. — II dit qu’il va revenir immédiatement : il m’a ordonné d’aller au lit, et recommandé de vous congédier.

ÉMILIA. — De me congédier !

DESDÉMONA. — Ce sont ses ordres ; par conséquent, ma bonne Émilia, donne-moi mon costume de nuit, et adieu ; nous ne devons pas lui déplaire à présent.

ÉMILIA. — Je voudrais que vous ne l’eussiez jamais vu !

DESDÉMONA. — Je ne voudrais rien de pareil : mon amour lui est si entièrement soumis que même, sa mauvaise humeur, — je t’en prie, délace-moi, — ses rebuffades, ses expressions de colère ont grâce et beauté.

ÉMILIA. — J’ai mis au lit ces draps que vous m’aviez commandé d’y mettre.

DESDÉMONA. — Tout m’est égal. — Ah vraiment, quelles folles âmes sont les nôtres ! — Si je meurs avant toi, je t’en prie, plie-moi dans un de ces mêmes draps.

ÉMILIA. — Allons, allons, vous dites des sornettes.

DESDÉMONA. — Ma mère avait une suivante, qui s’appelait Barbara ; elle était amoureuse, et il se trouva que celui qu’elle aimait devint fou et l’abandonna : elle savait une certaine chanson du Saule ; c’était une vieille chanson, mais elle exprimait bien sa destinée, et elle