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cas-là, donne un coup de sifflet, pour me prévenir que tu entends, quelqu’un qui approche. Donne-moi ces fleurs fais ce que je te-dis, va.

LE PAGE, à part. — J’ai presque peur de rester seul dans ce cimetière ; cependant je. vais essayer de faire bonne contenance. (Il se retire.)

PARIS. — Douce fleur, je sème de fleurs ton lit nuptial, dont le dais, ô malheur est poussière et pierres ; chaque nuit, je viendrai l’arroser d’une eau parfumée, ou à son défaut, des larmes distillées par mes sanglots. Les obsèques que je veux célébrer pour toi, seront de venir chaque huit semer ta tombe de fleurs et pleurer. (Le page siffle.) L’enfant me donne le signal que quelqu’un approche. Quel est le pied maudit qui foule ce soir ce sentier, et qui vient ainsi contrarier, mes cérémonies et mes : rites de, fidèle amour Comment ! avec une torche ! Couvre-moi de ta cape quelques instants, ô nuit. (Il se retire.)


Entrent ROMÉO et BALTHAZAR avec une torche, une pioche, etc.

ROMÉO. — Donne-moi cette pioche et la barre de fier pour soulever. Tiens prends cette lettre demain, matin de bonne heure, aie soin de la remettre, à mon Seigneur et père. Donne-moi là-lumière quelque chose, que tu entendes ou que tu voies, je t’ordonne sur ta vie de rester à l’écart et de ne pas m’interrompre dans mes actions. Si je descends dans ce lit de là mort c’est d’abord, pour contempler le visage de ma Dame ; mais surtout pour enlever de sa main morte un précieux anneau, un anneau auquel je veux donner fin cher emploi ainsi donc pars, va-t’en : — mais si soupçonneux, tu reviens pour épier ce que je serai en train de faire, par le ciel, je te couperai en morceaux, et je sèmerai de tes membres ce cimetière, affamé d’existences : la situation et les pensées de mon âme sont frénétiques plus féroces, et bien autrement inexorables, que les tigres à jeun ou la mer mugissante.