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Le fantôme de César apparaît.

Brutus. — Comme ce flambeau brûle mal4 ! — Ah ! qui vient ici ? Je suppose que ce sont mes yeux affaiblis qui donnent forme à cette apparition extraordinaire. Elle s’avance sur moi ! — Es-tu quelque chose de réel ? es-tu un Dieu, un génie, un démon, toi qui glaces mon sang et fais dresser mes cheveux ? Dis-moi ce que tu es ?

Le fantôme. — Ton mauvais génie, Brutus.

Brutus. — Pourquoi viens-tu ?

Le fantôme. — Pour te dire que tu me verras à Philippes.

Brutus. — Bon : ainsi je te reverrai encore ?

Le fantôme. — Oui, à Philippes.

Brutus. — Eh bien, en ce cas, je te reverrai à Philippes. (Le fantôme disparaît.) Maintenant que j’ai repris cœur, voilà que tu t’évanouis : mauvais génie, je voudrais converser plus longtemps avec toi. — Enfant ! Lucius ! — Varron ! Claudius ! réveillez-vous, mes amis ! Claudius !

Lucius. — Les cordes sont fausses, Seigneur.

Brutus. — Il se croit encore à son instrument. — Lucius, réveille-toi !

Lucius. — Mon Seigneur ?

Brutus. — Tu rêvais donc, Lucius, pour crier comme tu l’as fait ?

Lucius. — Seigneur, je ne sais pas si j’ai crié.

Brutus. — Oui, tu as crié : avais-tu vu quelque chose ?

Lucius. — Rien, Seigneur.

Brutus. — Rendors-toi, Lucius. — Maraud de Claudius ! eh, camarade, réveille-toi !

Varron. — Mon Seigneur ?

Claudius. — Mon Seigneur ?

Brutus. — Pourquoi avez-vous crié ainsi dans votre sommeil, mes amis ?

Varron et Claudius. — Est-ce que nous avons crié, Seigneur ?

Brutus. — Oui : aviez-vous vu quelque chose ?