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Le serviteur. — Lui et Lépidus sont à la maison de César.

Antoine. — Et j’y vais aller de ce pas pour le voir : il vient fort à souhait. La Fortune est de bonne humeur, et dans les dispositions où elle se trouve, elle nous donnera tout ce que nous voudrons.

Le serviteur. — Je lui ai entendu dire que Brutus et Cassius se sont enfuis, poussant leurs chevaux comme des fous à travers les portes de Rome.

Antoine. — Sans doute ils ont eu vent de la manière dont j’ai soulevé le peuple. Conduis-moi auprès d’Octave4. (Ils sortent.)



Scène III

Rome. — Une rue.


Entre CINNA le poëte.

Cinna. — J’ai rêvé cette nuit que je dînais avec César, aussi ai-je l’imagination pleine de pressentiments de malheur : j’aurais bonne envie de ne pas rôder dehors, et cependant il y a quelque chose qui me pousse.


Entrent des citoyens.

Premier citoyen. — Quel est votre nom ?

Deuxième citoyen. — Où allez-vous ?

Troisième citoyen. — Où demeurez-vous ?

Quatrième citoyen. — Êtes-vous marié ou célibataire ?

Second citoyen. — Répondez directement à chacun de nous.

Premier citoyen. — Oui, et brièvement.

Quatrième citoyen. — Oui, et sagement.

Troisième citoyen. — Oui, et sincèrement, vous ferez bien.

Cinna. — Quel est mon nom ? où je vais ? où je demeure ? si je suis marié ou garçon ? Eh bien, pour répondre à chacun directement, et brièvement, et sagement, et sincèrement, je réponds, je suis sagement célibataire.