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Quatrième citoyen. — Nous voulons entendre le testament ! lisez-le, Marc Antoine.

Les citoyens. — Le testament, le testament ! nous voulons entendre le testament de César !

Antoine. — Ayez de la patience, nobles amis, je ne dois pas le lire ; il n’est pas convenable que vous sachiez à quel point César vous aimait. Vous n’êtes pas de bois, vous n’êtes pas de pierre, vous êtes des hommes ; et étant des hommes, si vous entendez le testament de César, cela vous enflammera, cela vous rendra fous : il est bon que vous ne sachiez pas que vous êtes ses héritiers, car si vous le saviez, oh ! qu’est-ce qu’il en adviendrait !

Quatrième citoyen. — Lisez le testament ; nous voulons l’entendre, Antoine : vous allez nous lire le testament, le testament de César !

Antoine. — Voulez-vous être patients ? Voulez-vous attendre encore un peu ? Je suis allé trop loin en vous en parlant : j’ai fait tort, je le crains, aux hommes honorables dont les poignards ont assassiné César ; oui, je le crains.

Quatrième citoyen. — Des hommes honorables ! ce sont des traîtres.

Les citoyens. — Le testament ! les suprêmes volontés !

Second citoyen. — Ce sont des scélérats, des meurtriers ! le testament ! lisez le testament !

Antoine. — Vous voulez donc me pousser à lire le testament ? En ce cas, faites un cercle autour du cadavre de César, et laissez-moi vous montrer celui qui fit ce testament. Descendrai-je ? voulez-vous m’en accorder la permission ?

Les citoyens. — Sautez en bas.

Second citoyen. — Descendez.

Troisième citoyen. — Vous en avez la permission.

Quatrième citoyen. — Un cercle ; rangez-vous en rond.

Premier citoyen. — Reculez-vous du cercueil ! reculez-vous du corps !

Second citoyen. — Place pour Antoine, le très-noble Antoine !