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38 COMME IL VOUS PLAIRA.

SCÈNE IV.

La forêt des Ardennes.

Entrent ROSALINDE en habits de page, CÉLIA en habits de bergère, et PIERRE DE TOUCHE.

ROSALINDE. — 0 Jupiter, que tous mes ressorts sont las !

PIERRE DE TOUCHE. — Je ne m’inquiéterais pas de mes "ressorts si mes jambes n’étaient pas fatiguées.

ROSALINDE. — Vraiment, j’aurais bien envie de déshonorer mon costume d’homme et de pleurer comme une femme, mais je dois appui au vase le plus fragile, carie pourpoint et le.baut-de-chausses doivent au cotillon l’exemple du courage : courage donc, ma bonne Aliéna,

CÉLIA. — Je vous en prie, supportez-moi ; je ne puis aller plus loin.

PIERRE DE TOUCHE.— Pour ma part j’aimerais autant vous supporter que vous porter ; cependant je ne porterais pas un ange si je vous portais, car je suppose que vous n’avez pas d’écus dans votre bourse.

ROSALINDE. — Bon, c’est ici la forêt des Ardennes.

PIERRE DE TOUCHE. •— Oui, maintenant je suis dans les Ardennes et je n’en suis que plus fou ; lorsque j’étais au logis, j’étais en bien meilleur lieu ; mais il faut que les’ voyageurs sachent se contenter,

ROSALINDE. — Oui, sois content, mon.bon Pierre de Touche. Mais voyez, voici venir un jeune homme et un vieillard en très-sérieuse conversation.

Entrent CORIN et SILVIUS.

GoRiN. — C’est le bon moyen pour qu’elle vous méprise encore-davantage.

SILVIUS, — Oh ! Corin, si tu savais comme je l’aime !

CORIN. — Je m’en doute à peu près, car j’ai aimé autrefois,

SILVIUS. — Non, Corin, maintenant que tu es vieux,