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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR.

falstaff.

Maintenant le bruit court qu’elle tient les cordons de la bourse de son mari ; elle a à sa disposition une légion d’anges argentins.

pistolet.

Aie à la tienne une égale légion de diables, et je te dis : Cours-lui sus, mon gars !

nym.

La farce se relève ; ça va bien ; amadouez-moi les anges.

falstaff.

Je lui ai écrit une lettre que voici ; et en voilà une autre pour la femme de Page, qui, elle aussi, me faisait tout à l’heure les yeux doux, en examinant ma personne de l’air le plus inquisiteur. Le rayon de son regard dorait tantôt mon pied, tantôt ma panse majestueuse.

pistolet.

C’est qu’alors le soleil brillait sur le fumier !

nym, à Pistolet.

Merci de ce mot-là.

falstaff.

Oh ! elle parcourait mes dehors avec une attention si avide, que l’appétit de son œil me brûlait comme un miroir ardent ! Voici une autre lettre pour elle ; elle aussi, elle tient la bourse ; c’est une véritable Guyane, toute or et libéralité. Je serai leur caissier à toutes deux, et elles seront des trésors pour moi. Elles seront mes Indes orientales et occidentales, et je commercerai avec toutes deux.

À Pistolet et à Nym.

Va, toi, porte cette lettre à mistress Page ; et toi, celle-ci à mistress Gué. Nous prospérerons, enfants, nous prospérerons.