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APPENDICE.

inséparablement aussi bien les corps que les affections. Attendant la félicité de votre réponse, je me recommanderai bien humblement à vos bonnes grâces.

Votre esclave,
L. Puccin.

Cette lettre fut mise en main à la nourrice qui avait élevé Nicole dès le berceau, laquelle ne se fit guère tirer l’oreille à faire cette ambassade, s’étant déjà pris garde des contenances de la fille, lorsqu’elle voyait cet adolescent, et voyant que le mariage de ce beau couple ne pouvait réussir qu’à bonne fin et heureuse. Comme la fille vit ces lettres, et sut d’où elles venaient, quoique de prime face elle feignît n’en tenir compte, et plus encore se montra fort rétive à y répondre, se couvrant de l’honnêteté, et qu’il était mal séant à une fille d’être si facile, et si légèrement condescendre à satisfaire au moindre désir des jeunes hommes, les pensées desquels étant flottantes et vitupérables, se changeaient de jour à autre ; mais la nourrice lui mettant en jeu le mariage que Lactance souhaitait de pratiquer avec son père, et que le parti était fort avantageux, à cause des richesses, vertu et race ancienne du jeune homme, elle se laissa vaincre, assez surmontée de sa propre violence, et pour ce lui écrivit ce petit mot, qu’elle donna à la commune messagère et arbitre d’amour.

LETTRE DE NICOLE À LACTANCE.

Seigneur Lactance, la seule opinion que j’ai de votre vertu en ayant ouï faire récit, m’a fait oublier jusque-là de vous écrire, non pour vous donner occasion de faire votre profit de telle faveur, car elle est trop froide pour y asseoir fondement de chose qu’on puisse souhaiter, seulement pour vous remercier de l’honneur que me faites, souhaitant notre alliance, et ne sera jour de ma vie que je ne vous aime davantage : vous savez