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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR, ETC.

page.

Allons, suivons-le, pour satisfaire son caprice.

Tous sortent excepté mistress Gué et mistress Page.
mistress gué.

Sur ma parole, il l’a furieusement battu.

mistress page.

J’en suis bien aise. Poursuivrons-nous la chose ?

mistress gué.

Non, ma foi. Maintenant, si vous m’en croyez, nous conterons l’histoire à nos maris. Car le mien, j’en suis sûr, s’est mortellement affecté.

mistress page.

D’accord, allons tout leur dire. Et, si cela leur convient, nous continuerons.

Elles sortent.

(17) La retouche a ici complètement transfiguré le dialogue primitif. Le lecteur en jugera par cette citation :

page.

— Il faut dresser quelque piége, où il ne viendra pas.

mistress page.

— Rapportez-vous-en à nous pour ça. Écoutez mon idée. — Vous avez souvent ouï dire, depuis la mort de Horne le chasseur, — que les femmes, quand elles veulent effrayer leurs petits enfants, — leur content qu’il revient sous la forme d’un grand cerf. — Eh bien, comme Falstaff, après tant de déceptions, — n’oserait pas se risquer de nouveau chez nous, — nous lui ferons dire de venir nous rencontrer dans la campagne — sous le déguisement de Horne, avec de grandes cornes sur la tête. — Le rendez-vous aura lieu entre minuit et une heure ; — nous le rejoindrons toutes deux à cette heure-là ; — alors, si vous m’en croyez, vous vous porterez aux alentours, — avec de petits garçons déguisés en lutins, afin d’effrayer le gros Falstaff dans les bois : — et alors, pour couronner la plaisanterie, — nous révélerons tout à Falstaff. Je crois que ce sera parfait.

page.

Excellent ! ma fille Anne sera — déguisée en petite fée.

(18) « Il est aujourd’hui constaté qu’une famille portant le nom de Herne existait à Windsor au seizième siècle, un Gilles Herne s’étant marié là en 1569. D’après une tradition ancienne, ce Herne, un des gardes du parc, ayant commis une offense pour laquelle il craignait d’être disgracié, se pendit à un chêne qui fut désormais hanté par son spectre. Ce chêne, immortalisé par Shakespeare, est mentionné pour la première fois dans un « plan de la ville, du château et du parc de Windsor, » publié à Èton en 1742. Sur la carte, un arbre, nommé le Chêne de Falstaff, est désigné comme situé au bord d’un fossé,