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SCÈNE XIX.

tion, — ne voulant pas partager mes périls, — il m’a renié en face, — et qu’il est devenu, en un clin d’œil, comme un étranger — qui m’eût perdu de vue depuis vingt ans ; il m’a refusé ma propre bourse, — que j’avais mise à sa disposition — une demi-heure à peine auparavant.

viola.

Comment cela se pourrait-il ?

le duc.

— Quand est-il arrivé dans cette ville ?

antonio.

— Aujourd’hui, milord ; et depuis trois mois, — sans intérim, sans interruption même d’une minute, — nuit et jour nous avons vécu ensemble.

Entrent Olivia et sa suite.
le duc.

— Voici venir la comtesse ; maintenant, le ciel marche sur la terre !… — Quant à toi, l’ami, l’ami, tes paroles sont pure folie : — il y a trois mois que ce jeune homme est à mon service. — Mais nous reparlerons de ça tout à l’heure. Qu’on le tienne à l’écart.

olivia.

— Que désire mon seigneur qu’il ne puisse obtenir ? — Et quel service Olivia peut-elle lui rendre ?

À Viola.

— Césario, vous ne tenez pas votre promesse.

viola.

— Madame !

le duc.

Gracieuse Olivia…

olivia.

— Que dites-vous, Césario ?… Monseigneur…

viola.

— Monseigneur veut parler, mon devoir m’impose silence.