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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

fabien, à part.

J’espère bien que ça ne finira pas par un : Ho !

sir tobie, à part.

Oui, ou je le bâtonnerai pour lui faire crier : Oh !

malvolio.

Et en arrière arrive un I.

fabien, à part.

Si c’était un E et que tu l’eusses par derrière, tu flairerais plus de déconvenues à tes trousses que de bonnes fortunes devant toi.

malvolio.

M. O. A. I. ça ne s’accorde plus aussi bien qu’auparavant ; et pourtant, on n’aurait qu’à forcer un peu pour que ça eût trait à moi ; car chacune de ces lettres est dans mon nom. Doucement ; voici de la prose à la suite.

Lisant :

Si ceci te tombe dans la main, réfléchis. Par mon étoile, je suis au-dessus de toi, mais ne t’effraie pas des grandeurs. Il en est qui naissent grands, d’autres qui conquièrent les grandeurs, et d’autres à qui elles s’imposent. Les destins te tendent la main ; que ton audace et ton génie l’étreignent. Et, pour te préparer à ce que tu peux être, dépouille ton humble peau, et apparais un nouvel homme. Sois rébarbatif avec un parent, bourru avec les domestiques ; que ta langue bourdonne des raisons d’État. Prends les allures de la singularité. C’est l’avis que le donne celle qui soupire pour toi. Rappelle-toi qui a vanté tes bas jaunes et souhaité te voir toujours avec des jarretières croisées (30) ; rappelle-toi, je le répète. Va. Tu es désormais un personnage, si tu le veux ; sinon, reste à jamais simple intendant, le compagnon des domestiques, indigne de toucher le bout du doigt de la Fortune. Adieu. Celle qui voudrait te servir au lieu d’être servie par toi.

La Fortunée Malheureuse.

Le plein jour en rase campagne n’est pas plus éclatant ; cela est évident. Je serai altier, je lirai les auteurs politi-