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SCÈNE III.

maria.

Votre main est si sèche, monsieur (23) !

sir andré.

Je le crois certes bien ; je ne suis pas assez âne pour ne pas savoir tenir mes mains sèches. Mais quelle est cette plaisanterie ?

maria.

Une plaisanterie sèche, monsieur.

sir andré.

En avez-vous beaucoup comme ça ?

maria.

Oui, monsieur ; j’en ai qui me démangent ou bout des doigts ; tiens ! maintenant que j’ai lâché votre main, je n’en ai plus.

Sort Maria.
sir tobie.

Ah ! chevalier, tu as besoin d’une coupe de Canarie. Quand t’ai-je vu ainsi terrassé ?

sir andré.

Jamais de votre vie, je crois, à moins que vous ne m’ayez vu terrassé par le Canarie. Il me semble que parfois je n’ai pas plus d’esprit qu’un chrétien ou un homme ordinaire ; mais je suis grand mangeur de bœuf, et je crois que ça fait tort à mon esprit.

sir tobie.

Sans nul doute.

sir andré.

Si je le croyais, j’abjurerais le bœuf… Demain je monte à cheval et je retourne chez moi, sir Tobie.

sir tobie.

Why, mon cher chevalier ?

sir andré.

Que signifie why ? partez, ou ne partez pas ? Je voudrais avoir employé à l’étude des langues le temps que j’ai