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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

empesté ; — dès cet instant je devins une proie, — et mes désirs, limiers féroces et cruels, — n’en pas cessé de me poursuivre.

Entre Valentin.

Eh bien ? Quelles nouvelles d’elle ?

valentin.

— N’en déplaise à mon seigneur, je n’ai pu être admis, — mais je rapporte la réponse que m’a transmise sa servante : — le ciel, avant sept ans révolus, — ne verra pas son visage à découvert, — mais, comme une religieuse cloîtrée, elle ne marchera que voilée, — et chaque jour elle arrosera sa chambre — de larmes, cédant en tout cela à son affection — pour un frère mort, affection qu’elle veut garder vivace — et durable dans sa mémoire attristée.

le duc.

— Oh ! celle qui a un cœur de cette délicatesse, — celle qui paie à un frère un telle dette d’amour, — combien elle aimera quand le splendide trait d’or — aura tué le troupeau de toutes les affections secondaires — qui vivent en elle, quand son sein, son cerveau, son cœur, — trônes souverains, — seront occupés et remplis — par un roi unique, son tendre complément ! — Allons errer vers les doux lits de fleurs : — les rêves d’amour sont splendidement bercés sous un dais de ramures.

Ils sortent.

SCÈNE II.
[Au bord de la mer.]
Entrent Viola, un Capitaine de navire et des marins.
viola.

— Amis, quel est ce pays ?