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SCÈNE XI.

— peuvent attester, comme moi, qu’il n’en est rien ; — je n’ai jamais vu Syracuse de ma vie.

le duc.

— Je te l’affirme, Syracusain, depuis vingt ans — que je suis le patron d’Antipholus, — il n’a jamais vu Syracuse. — Je vois que l’âge et la détrese te font divaguer.

Entrent l’Abbesse, suivie d’Antipholus de Syracuse et de Dromion de Syracuse.
l’abbesse.

— Très-puissant duc, vous voyez un homme bien indignement maltraité.

Tous se tournent vers Antipholus de Syracuse.
adriana.

— Je vois deux maris, ou mes yeux me trompent bien.

le duc.

— L’un de ces deux hommes est le génie de l’autre ; — et il en est de même de ces deux-ci. Lequel est l’homme naturel ? — lequel est l’esprit ? Qui les distingue ?

dromion de syracuse.

— C’est moi, monsieur, qui suis Dromion ; renvoyez cet homme.

dromion d’éphèse.

— C’est moi, monsieur, qui suis Dromion : permettez, je vous prie, que je reste.

antipholus de syracuse.

— Égéon, est-ce toi ? ou est-ce là son ombre ?

dromion de syracuse.

— Ah ! mon vieux maître ! qui donc l’a lié ainsi ?

l’abbesse.

— Qui que ce soit qui l’ait lié, je vais défaire ses liens, — et gagner un mari à sa délivrance. — Parle, vieil Égéon, si tu es l’homme — qui eut jadis une épouse nommée Emilia, — laquelle te donna deux beaux enfants d’une