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SCÈNE XI.

il est revenu sans l’argent, — Alors j’ai prié poliment l’exempt — de venir avec moi jusqu’à la maison. — En chemin nous avons rencontré — ma femme, sa sœur et sa clique — d’infâmes complices ; avec eux, — ils amenaient un certain Pinch, un maroufle étique, à face de meurt-de-faim, — un vrai squelette, un charlatan, — un jongleur, un diseur de bonne aventure rapé, — un misérable besoigneux à l’œil creux, à l’air madré, — un cadavre vivant ! Ce pernicieux coquin, — morbleu, a joué le magicien ; — et, me regardant dans le blanc des yeux, me tâtant le pouls, — et me dévisageant avec son ombre de visage, — il s’est écrié que j’étais possédé. Alors tous à la fois — sont tombés sur moi, m’ont garrotté, traîné, — et enfermé à la maison dans un caveau noir et humide — avec mon valet, attaché comme moi. — À la fin, ayant rongé et coupé mes liens avec mes dents, — j’ai reconquis ma liberté, et immédiatement — je suis accouru ici vers Votre Grâce que je conjure — de m’accorder une ample satisfaction — pour d’aussi graves affronts et d’aussi indignes violences.

angelo.

— Milord, en vérité, ce que je puis certifier comme lui, — c’est qu’il n’a pas dîné chez lui et qu’il a été enfermé dehors.

le duc.

— Mais a-t-il eu de toi la chaîne en question, oui ou non ?

angelo.

— Il l’a eue, monseigneur ; et quand tout à l’heure il a couru dans cette maison, — tout le monde ici a vu la chaîne à son cou.

le marchand, à Antipholus.

— En outre, je suis prêt à en faire le serment, je vous ai entendu — de mes oreilles confesser que vous aviez