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LA COMÉDIE DES ERREURS.

luciana.

— Si tu es changé en quelque chose, c’est en âne.

dromion de syracuse.

— C’est vrai, elle me surmène, et j’aspire à paître. — C’est exact, je suis un âne ; autrement il serait impossible — que je ne la reconnusse pas comme elle me reconnaît.

adriana.

— Allons, allons, je ne veux plus être assez bête — pour me mettre le doigt dans l’œil et pleurer, — pendant que maître et valet se moquent de mes chagrins. — Mon mari, je veux dîner avec vous aujourd’hui — et vous faire confesser mille méchantes escapades… — Maraud, si quelqu’un demande votre maître, — répondez qu’il dîne dehors, et ne laissez entrer personne. — Venez, sœur… Dromion, faites bien votre office de portier.

antipholus de syracuse.

— Suis-je sur terre, au ciel ou en enfer ? — endormi ou éveillé, fou ou dans mon bon sens ? — connu d’elles et méconnaissable pour moi-même ? — Je dirai comme elles, j’irai jusqu’au bout, — et je me laisserai aller à toute aventure dans ce brouillard.

dromion de syracuse.

— Maître, ferai-je l’office de portier ?

adriana.

— Oui, et ne laissez entrer personne, ou je vous fends la caboche.

luciana.

— Venez, venez, Antipholus ; nous dînons trop tard.

Ils sortent.