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SCÈNE IV.

adriana.

— D’insensibles niaises sont seules exemptes de ces tourments-là ! — Je sais que ses yeux portent ailleurs leur hommage ; — autrement, qu’est-ce qui l’empêcherait d’être ici ? — Sœur, vous savez qu’il m’a promis une chaîne : — je voudrais que ce fût la seule chose qu’il me laissât désirer, — et qu’il restât fidèle au lit conjugal. — Je le vois, le joyau le mieux émaillé — doit perdre sa beauté ; l’or a beau résister — au toucher, à la longue le toucher doit — user l’or, et il n’y a pas un homme — dont la fausseté et la corruption ne finissent par déparer le caractère. — Puisque ma beauté ne peut plus charmer ses yeux, — je veux, à force de pleurer, en détruire les restes et mourir.

luciana.

— Que de pauvres insensées obéissent à la folle jalousie !

Elles sortent.

SCÈNE IV.
[La place publique.]
Entre Antipholus de Syracuse.
antipholus de syracuse.

— L’or que j’avais remis à Dromion est déposé — en sûreté au Centaure ; et le zélé maraud — est sorti pour aller à ma recherche. — D’après le calcul et le rapport de l’hôte, — je n’ai pas pu parler à Dromion depuis le moment — où je l’ai renvoyé du marché… Justement, le voici qui vient.

Entre Dromion de Syracuse.

— Eh bien, monsieur, votre joyeuse humeur s’est-elle modifiée ? — Si vous aimez les coups, recommencez vos