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LA COMÉDIE DES ERREURS.

froidi ; — le dîner a refroidi parce que vous ne rentrez pas ; — vous ne rentrez pas parce que — vous n’avez pas d’appétit ; — vous n’avez pas d’appétit parce que vous avez déjeuné ; — mais nous, qui savons par expérience ce que c’est que jeûner et prier, — nous faisons pénitence aujourd’hui par votre faute.

antipholus de syracuse.

— Contenez votre souffle, messire ; dites-moi, je vous prie, — où avez-vous laissé l’argent que je vous ai remis ?

dromion d’éphèse.

— Oh ! les six pennys que j’ai eus mercredi dernier, — pour payer au sellier la croupière de ma maîtresse ! — Le sellier les a eus, monsieur, je ne les ai pas gardés.

antipholus de syracuse.

— Je ne suis pas en humeur de rire à ce moment ; — dis-moi, sans badinage, où est l’argent ? — Nous sommes étrangers ici ; comment oses-tu — te dessaisir d’un dépôt si considérable ?

dromion d’éphèse.

— De grâce, monsieur, vous plaisanterez quand vous serez à table ; — je viens à vous au galop de la part de ma maîtresse ; — si je retourne sans vous, elle me donnera un vrai galop, — en faisant pâtir ma caboche pour votre faute. — Il me semble que votre estomac, comme le mien, devrait vous servir d’horloge — et vous rappeler au logis sans qu’il fût besoin de messager.

antipholus de syracuse.

— Allons, Dromion, allons, ces plaisanteries sont hors de saison ; — réserve-les pour une heure plus gaie : — où est l’or que je t’ai donné à garder ?

dromion d’éphèse.

— À moi, monsieur ? Mais vous ne m’avez pas donné d’or.