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SCÈNE X.

SCÈNE X.
[Chez maître Page.]
Entrent Fenton et mistress Anne Page.
fenton.

— Je vois bien que je ne puis obtenir la sympathie de ton père, — cesse donc de me renvoyer à lui, chère Nan.

anne.

— Hélas ! comment faire alors ?

fenton.

Eh bien ! ose être toi-même. — Il prétend que je suis de trop haute naissance, — et qu’ayant largement entamé mon patrimoine par mes dépenses, — je cherche à le restaurer avec sa fortune. — Il m’objecte encore d’autres choses, — mes désordres passés, mes folles liaisons, — et il me dit qu’il est impossible — que je t’aime autrement que comme un héritage.

anne.

Peut-être dit-il vrai.

fenton.

— Non, je le jure par la faveur que j’attends du ciel ! — Il est vrai, je le confesse, que la fortune de ton père — a été mon premier motif pour te faire la cour, Anne. — Mais, en te la faisant, je t’ai trouvé plus de valeur — qu’à tout l’or monnoyé, entassé dans des sacs scellés ; — et c’est aux trésors de la personne — que j’aspire désormais.

anne.

Cher monsieur Fenton, — n’en recherchez pas moins la bienveillance de mon père ; recherchez-la toujours, monsieur ; — si les démarches les plus opportunes et les plus humbles — n’amènent rien alors… Écoutez.

Ils causent à part.