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APPENDICE.

— Monsieur, ils confessent que ce noble personnage est parmi eux, et ajoutent que, si Votre Grâce peut le distinguer des autres, il est prêt à se découvrir et à accepter honorablement votre place.

Le cardinal, après les avoir tous bien considérés, dit enfin :

— Il me semble que ce doit être ce gentilhomme à la barbe noire.

Et sur ce il se leva de son siége, et l’offrit, chapeau en main, au gentilhomme à la barbe noire. Le personnage à qui il offrait ainsi son fauteuil était sir Édouard Neville, un élégant chevalier, de belle tournure, qui ressemblait plus au roi qu’aucun autre masque. Le roi, voyant le cardinal se tromper ainsi dans son choix, ne put s’empêcher de rire ; il ôta son masque, ainsi que maître Neville, et surgit brusquement d’un air si aimable que toute la noble assemblée, voyant le roi au milieu d’elle, se réjouit très-fort. Le cardinal demanda immédiatement à Son Altesse de prendre la place d’honneur ; le roi répondit qu’il commencerait par changer de costume, se retira, alla droit à la chambre à coucher de milord, où un grand feu était allumé pour lui, et là s’habilla de riches vêtements royaux. Pendant l’absence du roi, les mets du banquet furent tous enlevés, et le couvert mis de nouveau sur des nappes délicieusement parfumées, chacun demeurant en place jusqu’à ce que le roi et ses masques revinssent dans leur nouveau costume. Alors le roi prit place sous le dais, en commandant à chacun de garder la même place qu’auparavant. Puis un nouveau souper fut apporté pour la majesté du roi et pour tous les autres convives, où furent servis, je crois, plus de deux cents plats prodigieusement coûteux et dressés avec la plus subtile recherche. Ainsi toute la nuit se passa en banquet, en danses, en fêtes triomphales, au grand plai-