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EXTRAIT DES MÉMOIRES DE CAVENDISH.

les recevoir conformément à leur rang, et de les conduire dans cette salle où ils nous verront, nous et tous ces nobles personnages, assis gaîment à notre banquet. Nous les inviterons à s’asseoir avec nous et à prendre part à notre repas et à nos passe-temps.

Le lord chambellan et le contrôleur descendirent incontinent dans le vestibule, où ils reçurent les nouveaux venus avec vingt torches nouvelles, et les conduisirent dans la salle, avec un nombre de tambours et de fifres comme j’en ai rarement vu réunis à un seul bal masqué. À leur arrivée dans la salle, deux par deux, ils allèrent droit vers le cardinal, et lui firent une profonde révérence ; sur quoi le lord chambellan lui dit au nom des nouveaux venus :

— Monsieur, comme ils sont étrangers et ne savent pas parler anglais, ils m’ont chargé de dire à Votre Grâce ceci : Ayant ouï parler de ce banquet triomphal où sont rassemblées tant de dames excellemment belles, ils n’ont pu faire moins, avec l’autorisation de Votre Grâce, que de se rendre ici pour contempler leur incomparable beauté, les accompagner dans les divertissements, danser avec elles et faire leur connaissance. En outre, monsieur, ils demandent à Votre Grâce la permission d’accomplir leur dessein.

Alors le cardinal dit à milord chambellan :

— Expliquez-leur, je vous prie, que je soupçonne fort qu’il y ait parmi eux un noble personnage, beaucoup plus digne que moi d’occuper la place où je suis assis, et que, comme c’est mon devoir, je la lui céderais bien volontiers, si je le reconnaissais.

Sur quoi milord chambellan parla aux autres en français et leur déclara la pensée du cardinal. Quand ils lui eurent parlé bas à l’oreille, milord chambellan dit à milord cardinal :