Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
459
NOTES.

Warwick, notre grand mât, soit renversé, — pourtant, lords belliqueux, dressez un solide poteau — qui puisse porter notre voilure et nous conduire au port, et Édouard et moi, pilotes empressés, — nous dirigerons le gouvernail avec toute notre vigilance, de manière à traverser le golfe dangereux — qui jusqu’ici a englouti nos amis.

le prince édouard.

— Et si, ce qu’à Dieu ne plaise, il existe — parmi nous un homme timoré ou effrayé, — qu’il parte avant que nous en venions aux mains, — de peur qu’au moment critique il n’en entraîne un autre, — et ne détache de nous les cœurs de nos soldats. — Je n’entends pas rester à l’écart en vous disant de combattre ; — mais je veux me jeter l’épée à la main au plus fort de la mêlée, — je veux combattre Édouard seul à seul, — et pied à pied le forcer à se rendre, — ou laisser mon corps sur le terrain, comme un gage de ma pensée !

(57) Quand la bataille (de Tewkesbury) fut terminée, le roi Édouard, fit une proclamation à cet effet que quiconque lui amènerait le prince Édouard, recevrait une annuité de cent livres sa vie durant, et que le prince aurait la vie sauve. Sir Richard Croftes, un sage et vaillant chevalier, plein de confiance dans la promesse du roi, amena son prisonnier le prince Édouard, jeune homme à la beauté féminine et aux traits délicats. Après l’avoir bien considéré, le roi Édouard lui demanda comment il avait la présomptueuse audace d’entrer dans son royaume, bannières déployées. Le prince, étant de caractère hardi et de bon courage, répondit : « Pour recouvrer le royaume de mon père, héritage que lui ont transmis son père et son grand-père et qu’il m’a transmis directement. » Édouard ne répondit pas à ces paroles, mais il repoussa le prince loin de lui avec sa main ; d’autres disent qu’il le frappa de son gantelet ; sur quoi le prince fut brusquement mis à mort et pitoyablement mutilé par ceux qui se trouvaient là, c’est-à-dire par George, duc de Clarence, par Richard, duc de Glocester, par Thomas marquis Dorset, et par William lord Hastings. Son corps fut enterré avec les autres cadavres dans le cimetière des moines noirs à Tewkesbury. Cette bataille fut la dernière lutte civile qui eut lieu sous le règne du roi Édouard ; elle fut livrée le troisième jour de mai de l’an de Notre-Seigneur 1471, étant un samedi. Et le lundi suivant, Edmond, duc de Somerset, John Longstrother, prieur de Saint-John, sir Garvey Clifton, sir Thomas Tresham et douze autres chevaliers et gentilshommes furent décapités sur la place du marché de Tewkesbury. » — Hall.

(58) Dans le drame original, le roi Édouard frappait seul le prince de