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HENRY VIII.

cromwell.

— Cranmer est de retour ; il a été très-bien reçu, — et il est installé lord archevêque de Cantorbéry.

wolsey.

— Voilà une nouvelle, en effet.

cromwell.

Enfin, lady Anne, — que le roi a depuis longtemps épousée en secret, — a été vue aujourd’hui, publiquement traitée comme la reine, — se rendant à la chapelle, et l’on ne parle — maintenant que de son couronnement.

wolsey.

— Voilà le poids qui m’a précipité, ô Cromwell ! — Le roi m’a échappé : toutes mes gloires, — je les perds à jamais dans cette femme unique ! — Nul soleil ne proclamera plus ma grandeur, — ne dorera plus le noble cortége qui attendait — mes sourires. Va, éloigne-toi de moi, Cromwell, — je suis un pauvre homme tombé, désormais indigne — d’être ton seigneur et maître ; va trouver le roi, — et puisse ce soleil-là ne jamais décliner ! Je lui ai dit — qui tu es, combien tu es dévoué : il fera ton avancement. — Un reste d’égard pour moi le portera — (je connais sa noble nature) à ne pas laisser — s’éteindre ton utile avenir. Bon Cromwell, — ne le néglige pas, occupe-toi de tes intérêts, et pourvois — à ta sûreté future.

cromwell.

Ah ! milord, — il faut donc que je vous quitte ? Il faut donc que j’abandonne — un si bon, si noble et si généreux maître ? — Soyez témoins, vous tous qui n’avez pas des cœurs de fer, — avec quelle douleur Cromwell quitte son maître. — Le roi aura mes services ; mais mes prières — seront à jamais, oui, à jamais, pour vous.

wolsey.

— Cromwell, je ne croyais pas verser une seule larme — dans toutes mes misères ; mais tu m’as réduit, — par