Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
SCÈNE X.

Entrent le roi, lisant une cédule, et Lovell.
suffolk.

Le roi ! le roi !

le roi henry.

— Quel tas de richesses il a accumulé — pour sa part ! Et quel flot de dépenses à chaque heure — semble couler de ses mains ! Au nom de quel bénéfice — peut-il ramasser tout ça ?… Eh bien, milords, — avez-vous vu le cardinal ?

norfolk.

Milord, nous étions — ici à l’observer. Quelque étrange commotion — est dans son cerveau ; il se mord la lèvre et tressaille ; — soudain il s’arrête, fixe les yeux à terre, — puis pose son doigt sur sa tempe ; tout à coup, — il se meut à pas précipités, puis s’arrête de nouveau, — se frappe violemment la poitrine, et bientôt cherche — des yeux la lune : nous l’avons vu se mettre — dans les plus étranges postures.

le roi henry.

Cela n’est pas surprenant : — il y a une émeute dans son esprit. Ce matin, — il m’a envoyé des papiers d’État que j’avais — demandé à lire. Et savez-vous ce que j’ai trouvé — là, placé, sur ma parole, par inadvertance ? — Eh bien, un inventaire indiquant — ses divers services d’argenterie, ses trésors, — les riches tentures et ameublements de sa maison ; et — j’y trouve un excès d’opulence qui dépasse de beaucoup — le légitime avoir d’un sujet.

norfolk.

C’est une grâce du ciel ! — Quelque esprit aura glissé ce papier dans le paquet, — pour en illuminer vos yeux.

le roi henry.

Si nous pouvions croire — que ses méditations planent au-dessus de la terre — et sont fixées sur un but spirituel, je le laisserais — poursuivre ses rêveries ; mais je crains —