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INTRODUCTION.

parvient ainsi en Écosse. Elle n’a plus de soldats, plus de partisans, plus d’alliés. Il faut aller chercher tout cela, et la voilà qui s’embarque avec son fils pour le continent. Une tempête la jette sur les terres de son ennemi le duc de Bourgogne ; elle ne s’effraie pas, va droit au Téméraire et le désarme par la majesté de sa détresse. De Bourgogne, avec le sauf-conduit du malheur, elle passe en France ; elle pénètre jusqu’à Louis XI et fléchit cet inflexible. Quel miracle alors n’accomplira-t-elle pas ? Elle s’adresse à Warwick, à ce Warwick qui a détrôné son mari, et de cet implacable adversaire elle se fait un allié ! — Alors a lieu la tentative suprême. Warwick, heureux à Nottingham, succombe à Barnet par la défection de Clarence. Marguerite ne désespère pas encore ; elle débarque à Weymouth après une lutte de seize jours contre l’ouragan, improvise une armée en courant, et se dirige sur la Severne pour y faire sa jonction avec Jaspar Tudor. Mais Édouard IV lui barre, à Tewkesbury, le passage de la rivière. C’est le samedi 4 mai 1471. Il faut que Marguerite combatte, avec des forces inférieures, épuisées par des marches forcées, un ennemi dispos et triomphant. Marguerite se multiplie ; elle passe au galop devant les lignes de son armée ; elle harangue ses soldats, elle les ranime, elle leur promet les récompenses, les promotions, un butin immense, s’ils réussissent, et se place avec son fils à l’avant-garde. Mais la trahison est déjà postée à l’arrière-garde. Tandis que Marguerite soutient le premier choc, sa réserve, commandée par Wenlock, se dissout derrière elle. La bataille est perdue ; la Rose Blanche l’emporte ; et, pour achever la victoire, les princes de la maison d’York, sur un signe d’Édouard, poignardent le dernier prince de la maison de Lancastre. — L’assassinat du prince de Galles fut la fin de Marguerite. Le coup qui avait frappé le fils brisa la mère. N’ayant plus son en-