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SCÈNE XXIII.

le prince de galles.

— Il me semble qu’une femme de cette vaillante humeur, — en prononçant de telles paroles devant un lâche, — lui mettrait au cœur l’intrépidité — et le ferait combattre, nu, contre un homme armé. — Si je dis cela, ce n’est pas que je doute de personne ici ; — car, si je soupçonnais un couard dans nos rangs, — je l’autoriserais à s’éloigner bien vite, — de peur qu’à l’heure critique il ne gâtât quelque autre — en lui communiquant sa frayeur. — S’il y a ici un homme de cette trempe, ce qu’à Dieu ne plaise, — qu’il parte avant que nous ayons besoin de son aide.

oxford.

— Des femmes et des enfants d’un si grand courage ! — Et des guerriers faibliraient ? Certes, ce serait une honte éternelle ! — Ô brave jeune prince ! ton illustre grand-père — revit en toi : puisses-tu vivre longtemps — pour assumer son image et renouveler sa gloire !

somerset.

— Quant à celui qui ne voudrait pas combattre pour un tel avenir, — qu’il aille chez lui se coucher, et, comme le hibou en plein jour, — qu’il ne se lève que pour provoquer l’étonnement et la risée.

la reine marguerite.

— Merci, gentil Somerset ; cher Oxford, merci.

le prince de galles.

— Et acceptez les remercîments de celui qui ne peut offrir autre chose.


Entre un Messager.
le messager.

— Préparez-vous, milords, car Édouard est proche — et prêt à combattre : soyez donc résolus.

oxford.

— Je m’y attendais : c’est sa tactique — de se hâter ainsi pour nous prendre au dépourvu.