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SCÈNE XV.

warwick.

Oui, mais la situation a changé. — Du moment que vous m’avez déshonoré dans mon ambassade, — moi, je vous ai dégradé du titre de roi, — et je viens maintenant vous créer duc d’York. — Hélas ! comment pourriez-vous gouverner un royaume, — vous qui ne savez pas faire un usage convenable des ambassadeurs, — ni vous contenter d’une seule épouse, — ni traiter fraternellement vos frères, — ni travailler au bien-être du peuple, — ni vous mettre à couvert de vos ennemis ?

le roi édouard.

— Oui-dà, frère Clarence, te voilà donc aussi ? — Alors je vois bien qu’Édouard doit succomber. — Pourtant, Warwick, en dépit de tous les revers, — de toi-même et de tous tes complices, — Édouard se comportera toujours en roi. — La perfidie de la fortune aura beau renverser mon pouvoir ; — mon âme dépasse le cercle de sa roue.

warwick, lui ôtant sa couronne.

— Qu’Édouard reste donc roi d’Angleterre en imagination. — C’est Henry qui désormais portera la couronne d’Angleterre ; — il sera le roi en réalité ; toi, tu n’en es plus que l’ombre. — Milord de Somerset, à ma requête, — faites immédiatement conduire le duc Édouard — à mon frère l’archevêque d’York. — Quand j’aurai livré bataille à Pembroke et à ses compagnons, — je vous rejoindrai, et je ferai connaître à Édouard — la réponse que lui envoient Louis et madame Bonne. — Jusque-là, adieu, bon duc d’York.

le roi édouard.

— Il faut que les hommes subissent ce qu’imposent les destins : — il est superflu de lutter contre vent et marée.

On emmène le roi Édouard, Somerset l’accompagne.