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HENRY VI.

bien fait — de donner l’héritière et la fille de lord Scales — au frère de votre bien-aimée femme : — elle eût mieux convenu à Clarence ou à moi ; — mais vous enterrez l’amour fraternel dans votre femme.

clarence.

— Autrement vous n’auriez pas concédé l’héritière — de lord Bonville au fils de votre nouvelle épousée, — et laissé vos frères chercher fortune ailleurs.

le roi édouard.

— Hélas ! pauvre Clarence ! c’est donc pour une femme — que tu te fâches ! Va, je te pourvoirai.

clarence.

— En choisissant pour vous-même, vous avez montré votre discernement, — et il est si mince que vous me permettrez — de faire moi-même mes affaires ; — et, dans cette intention, je compte bientôt vous quitter.

le roi édouard.

— Quitte-moi ou reste : Édouard sera roi, — et ne se laissera pas lier par la volonté de son frère.

la reine élisabeth.

— Milords, avant qu’il plût à Sa Majesté — d’élever mon rang au titre de reine — (vous en conviendrez tous, pour peu que vous me rendiez justice), — je n’étais pas de naissance ignoble, — et de plus humbles que moi ont eu pareille fortune. — Mais, si cette élévation honore les miens et moi, — l’aversion que vous me témoignez, vous à qui je voudrais être agréable, — jette sur mon bonheur un nuage de dangers et de chagrins.

le roi édouard.

— Mon amour, ne t’abaisse pas à flatter leur hostilité. — Quels dangers, quels chagrins peuvent t’atteindre, — tant qu’Édouard sera ton ami constant — et le légitime souverain auquel ils doivent obéir ? — Oui, il faut qu’ils m’obéissent et qu’ils t’aiment, — s’ils ne désirent pas en-