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HENRY VI.

la reine marguerite.

— J’avais prévenu Votre Majesté de tout cela. — Voilà qui prouve l’amour d’Édouard et l’honnêteté de Warwick !

warwick.

— Roi Louis, je proteste céans, à la face du ciel, — et par l’espoir que j’ai de la félicité céleste, — que je suis innocent de ce méfait d’Édouard. — Il n’est plus mon roi, car il me couvre de confusion, — et il en serait lui-même accablé, s’il était capable de voir son infamie. — Eh quoi ! j’avais oublié que la maison d’York — fût cause de la mort prématurée de mon père, — j’avais fermé les yeux sur l’outrage fais à ma nièce (49), — j’avais couronné Édouard du diadème royal, — j’avais dépouillé Henry des droits de sa naissance, — et j’en suis récompensé enfin par cette infamie ! — Eh bien, que l’infamie soit pour lui ! Car j’ai toujours droit à l’honneur. — Pour réparer mon honneur lésé par lui, — je le renie ici-même, et je retourne à Henry. — Ma noble reine, oublions les griefs passés, — et désormais je suis ton loyal serviteur ; — je veux venger l’affront fait à madame Bonne, — et restaurer Henry dans son ancien pouvoir.

la reine marguerite.

— Warwick, ces paroles ont changé ma haine en amour ; — je pardonne et j’oublie entièrement les fautes anciennes, — et je suis heureuse que tu redeviennes l’ami du roi Henry.

warwick.

— Oui, certes, son ami, et son ami tellement sincère — que, si le roi Louis daigne nous fournir — quelques bandes de soldats d’élite, — j’entreprendrai de les débarquer sur nos côtes — et de renverser le tyran de son trône à main armée. — Ce n’est pas la nouvelle mariée qui pourra le secourir ; — et, quant à Clarence, on m’écrit ici — qu’il abandonnera probablement son frère, — après ce mariage