— Je ne puis pleurer ; car toutes les larmes de mon corps — ne sauraient éteindre la fournaise ardente de mon cœur ; — et ma langue ne peut alléger le lourd fardeau de mon cœur. — Le souffle même nécessaire à chaque parole — attiserait les charbons qui brûlent dans mon sein — et y activerait l’incendie que les larmes essaieraient d’éteindre… — Pleurer, c’est rendre la douleur moins profonde : — aux enfants donc les larmes, à moi la lutte et la vengeance ! — Richard, je porte ton nom, je veux venger ta mort, — ou mourir glorieux en le tentant.
— Ce vaillant duc t’a laissé son nom ; — il m’a laissé, à moi, son duché et son siége.
— Ah ! si tu es bien l’aiglon de cet aigle princier, — prouve ta race en regardant fixement le soleil. — Son siége et son duché, dis-tu ? Dis donc son trône et son royaume : — tous deux sont à toi, ou toi tu n’es pas de lui !
— Eh bien, beaux lords, où en êtes-vous ? quelles nouvelles ?
— Grand lord de Warwick, s’il nous fallait conter — nos lamentables nouvelles, et, à chaque mot, — enfoncer un poignard dans notre chair jusqu’à ce que tout fût dit, — les paroles nous causeraient plus d’angoisses que les blessures. — Ô vaillant lord, le duc d’York est tué.
— Ô Warwick ! Warwick ! ce Plantagenet, — à qui tu étais aussi cher que le salut de son âme, — a été mis à mort par le féroce lord Clifford.