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SCÈNE II.

york.

— J’ai fait serment de le laisser régner en repos.

édouard.

— Mais on peut rompre un serment pour un royaume. — J’en romprais mille, moi, pour régner un an.

richard.

— Non, à Dieu ne plaise que Votre Grâce se parjure !

york.

— Je me parjurerai, si je fais appel aux armes.

richard.

— Je vous prouverai que non, si vous voulez m’écouter.

york.

— Tu ne le prouveras pas, mon fils ; c’est impossible.

richard.

— Un serment n’a de valeur que quand il est prêté devant un véritable et légitime magistrat — ayant autorité sur celui qui jure. — Henry n’en avait aucune sur vous, ayant occupé votre place ; — donc, puisque c’est lui qui a requis de vous l’engagement, — votre serment, milord, est vain et futile (34). — Ainsi, aux armes. Et puis, mon père, songez seulement — quelle douce chose c’est de porter une couronne ! — Dans son cercle est un Élysée — avec toutes les délices et les joies rêvées par les poëtes ! — Pourquoi tardons-nous ainsi ? Je n’aurai pas de repos, — que la rose blanche que je porte ne soit teinte — dans le sang tiède du cœur de Henry.

york.

— Richard, il suffit. Je veux être roi ou mourir… — Frère, tu vas partir pour Londres immédiatement, — et stimuler Warwick à cette entreprise. — Toi, Richard, tu iras trouver le duc de Norfolk, — et tu lui diras secrètement nos intentions… — Vous, Édouard, vous irez trouver lord Cobham ; — avec lui, les hommes de Kent se soulèveront volontiers ; — j’ai confiance en eux, car ce sont des sol-