Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
HENRY VI.

souverain ; Glocester est un homme — insondé encore, et plein de perfidie profonde.

le cardinal.

— N’a-t-il pas, contrairement aux formes de la loi, — inventé des morts atroces pour de petits délits ?

york.

— Et n’a-t-il pas, pendant son protectorat, — levé dans le royaume de grosses sommes d’argent, — destinées à la paie des soldats en France, qu’il n’a jamais envoyées ? — Ce qui causait chaque jour la révolte de quelque ville.

buckingham.

— Bah ! ce sont là de bien légers torts auprès des torts inconnus — que le temps révélera dans ce doucereux duc Homphroy.

le roi henry.

— Milords, un mot. Le zèle que vous mettez — à faucher les épines qui pourraient blesser notre pied — est digne de louange. Mais parlerai-je en conscience ? — Notre parent Glocester est aussi innocent — de toute intention de trahison contre notre royale personne — que l’est l’agneau qui tette ou l’inoffensive colombe. — Le duc est vertueux, doux et trop homme de bien — pour rêver le mal ou travailler à ma ruine.

la reine marguerite.

— Ah ! quoi de plus dangereux que cette débonnaire confiance ! — A-t-il l’air d’une colombe ? alors son plumage est emprunté, — car il a l’instinct du corbeau haineux. — Est-ce un agneau ? Eh bien, on lui en a sûrement prêté la peau, — car il a les penchants du loup dévorant. — Quel est l’hypocrite qui ne sache pas voler une forme ? — Prenez-y garde, milord ; notre prospérité à tous — est attachée au retranchement de cet homme perfide.