sois roi. Mon cher frère de France, — je ne puis guère oublier les injures qui m’ont été faites — à la dernière conférence où je suis venu. — Les Français eussent mieux fait d’arracher — les entrailles des cadavres de leurs pères que de mettre le feu à mes tentes. — Et, si je savais que ton fils, le Dauphin, eut été l’un d’eux, — je le secouerais comme il n’a jamais été secoué.
— J’ose jurer que mon fils est innocent en cette affaire. — Mais je veux bien, s’il vous plaît, que vous soyez immédiatement — proclamé et couronné, non pas roi de France, puisque je le suis moi-même, — mais héritier et régent de France.
— Héritier et régent de France, c’est bien, — mais cela ne me suffit pas.
— Mon secrétaire a par écrit le reste.
— Item, que Henry, roi d’Angleterre, — soit couronné héritier et régent de France, — durant la vie du roi Charles, et après sa mort, — que la couronne avec tous ses droits retourne au roi Henry — d’Angleterre et à ses hoirs pour toujours.
C’est bien, mon bon frère de France ; — il est encore une chose que je dois demander.
— Qu’est-ce, mon bon frère d’Angleterre ?
— C’est que tous vos nobles jurent de m’être fidèles.
— Puisqu’ils n’ont pas reculé devant de plus graves concessions, — je suis sûr qu’ils ne reculeront pas devant cette vétille. — Commencez, vous, seigneur duc de Bourgogne.
— Allons, monseigneur de Bourgogne, — prêtez serment sur mon épée !
— Moi, Philippe, duc de Bourgogne, — je jure devant Henry, roi d’Angleterre, — de lui être fidèle et de devenir son homme lige. — Je jure en outre que, si moi, Philippe, j’apprends jamais qu’aucun pouvoir étranger tente d’usurper sur ledit Henry ou sur ses héritiers, — je le lui ferai savoir et l’aiderai de toutes mes forces. — J’en fais le serment.
— Allons, Dauphin, il faut que vous prêtiez serment aussi.