Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teindre ; — mes faibles épaules sont accablées par le poids du chagrin ; — j’ai les bras énervés, comme une vigne flétrie, — qui laisse tomber à terre ses branches desséchées. — Et cependant ces pieds, sans force, engourdis, — incapables de supporter cette masse d’argile, — ont des ailes pour atteindre la tombe, — comme s’ils savaient que je n’ai pas d’autre refuge. — Mais, dis-moi, gardien, mon neveu viendra-t-il ?

premier gardien.

— Richard Plantagenet va venir, milord, — Nous avons envoyé au Temple, à son appartement ; — et il a été répondu qu’il allait venir.

mortimer.

— Cela suffit ; mon âme sera donc satisfaite ! — Pauvre gentilhomme ! Son injure égale la mienne. — Depuis le commencement du règne de Henry de Monmouth, — dont ma grandeur militaire a précédé la gloire, — j’ai subi cette odieuse séquestration ; — et, depuis la même époque, Richard a été réduit à l’obscurité, — privé d’honneurs et d’héritage. — Mais, maintenant, l’arbitre des désespoirs, — la bienfaisante réparatrice des misères humaines, — la Mort impartiale va m’élargir d’ici par une douce libération. — Je voudrais également que ses tribulations eussent expiré, — et qu’il pût recouvrer ce qu’il a perdu.


Entre Richard Plantagenet.


premier gardien, à Mortimer.

— Milord, votre bien-aimé neveu vient d’arriver.

mortimer.

— Richard Plantagenet, mon parent ! Il est arrivé !

plantagenet.

— Oui, mon noble oncle qu’on traite si ignoblement,