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orléans.

Votre maîtresse est une bonne monture.

le dauphin.

Oui, pour moi ; c’est là le mérite exigé, la perfection d’une bonne et digne maîtresse.

le connétable.

Pourtant, l’autre jour, je crois, votre maîtresse vous a bien malicieusement désarçonné.

le dauphin.

Peut-être la vôtre vous en a-t-elle fait autant.

le connétable.

La mienne n’était pas bridée.

le dauphin.

Oh ! alors elle était probablement vieille et docile ; et vous la montiez comme un cavalier d’Irlande, sans culotte, caleçon collant.

le connétable.

Vous vous connaissez en équitation.

le dauphin.

Écoutez donc mon avis : ceux qui montent ainsi, et montent sans précaution, tombent dans de vilains bourbiers. J’aime mieux avoir mon cheval pour maîtresse.

le connétable.

J’aime autant avoir ma maîtresse pour haridelle.

le dauphin.

Je t’assure, connétable, que ma maîtresse porte des crins qui sont bien à elle.

le connétable.

Je pourrais en dire autant, si j’avais une truie pour maîtresse.

le dauphin.

Le chien retourne à son propre vomissement, et la truie lavée au bourbier : tu te sers de tout.